Abitibi mon Amour

Abitibi mon Amour

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Abitibi tu m’rentres dedans. J’suis arrivé icitte avec pas pantoute d’attentes au cœur pis à chaque jour j’ai l’émotion lourde d’un gros billot de mémoire de plus dans ma valise. J’suis arrivé icitte de la grand ville sans trop de préjugés, mais sans trop de compréhension non plus, tsé.

Je me disais juste que je v’nais continuer mes études pis enrichir mon p’tit moi personnel. En arrivant dans la cour arrière de ton beau grand p’tit bout d’pays tu m’as jeté à terre la petite. Je comprenais pu rien de ce qui se passait dans ma tête pis c’est pas la première fois que j’suis toute fucké j’te jure, j’me pensais préparé.

Tes grands tissus verts étendus partout su’ tes courbes, moi ça me rend bête. J’en suis pas revenu encore, on en revient-tu tu penses?

J’ai tellement fait des belles rencontre en m’ouvrant à ta communauté, à tes différences, à tes problèmes pis à tes solutions. J’t’un p’tit jeune de Montréal, mais j’suis né en campagne faque tsé quand j’te vois, j’vois c’que ça aurait pu être mon univers.

J’me suis rendu compte que c’était pas juste un dédale de couloirs souterrains qui appartient aux mines, mais aussi une toile pas si claire et pas si simple d’un grand attrape-rêves collectif, même s’il est pas toujours visible.

M’a te faire du pouce là-dessus ma belle parce que tu devrais vraiment redonner une place plus grande aux communautés autochtones dans ta grande maison. Sont ben fins j’te l’dis, y m’ont faite faire un tour de chaloupe pis y m’ont même pas foutu à l’eau. C’est fou parce que chu blanc en criss pis y étaient juste ben heureux de me montrer qu’en quec’part sont vraiment pas tant différents. Y ont juste besoin qu’on s’excuse pis qu’on fasse notre ostifi d’boute.

Je suis pas vraiment encore entré en contact avec ta substance, ton profond de fond de mine, mais j’te jure que j’vais r’venir te voir pis si tu veux qu’on se fasse la tendresse au Manoir entre deux machines, j’vais te mettre en blacklight dans mon agenda.

J’ai des sentiments brumeux comme ton temps gris, Abitibi. J’me demande ce que j’ressens, comme l’ado imbécile qui s’touche les sentiments pour la première fois. Tu l’oublies jamais t’a première fois pis c’est normal. Je t’oublierai pas pis m’a être de r’tour dans ta cour arrière dès que j’vais trouver le temps de t’voir dans le dos de ma blonde.

Juré craché!

J’m’en vais demain, mais c’est juste un au r’voir. Tu m’as donné tellement en si peu de temps, je pense que je vais devoir te rendre la pareille. Peut-être qu’un jour j’te présenterai Widjihagan pis qu’on parlera tous les trois d’un Kinawit avec tous les membres des communautés qui t’entourent pis qu’y te prennent dans leurs grand bras d’aînés ancestraux. J’te jure que j’t’aime. J’te jure que j’m’en reviens. Attends-moi au Prospecteur avec une bière, on ira faire un tour chez ta grande famille dans ma barouette pis tu me présenteras tout ton monde, j’ai déjà hâte!

T’es ben belle à voir aller, fais attention à toi la petite jeunesse!

Christopher Desrosiers Mondor

Christopher Desrosiers Mondor

Christopher Desrosiers Mondor habite à Montréal mais il a toujours eu un pied dans le gazon de Joliette. Jeune rêveur explorateur, il a déjà la tête dans son prochain voyage.
Abitibi mon Amour

Prend moi par la main jusqu’à ce qu’on ait confiance tous les deux

Abitibi mon Amour

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