L’appel de ta région

L’appel de ta région

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Tu l’as senti toi aussi. Tu étais parti, tu pensais revenir ou rester et là, tu es ici, en Abitibi-Témiscamingue, ou tu l’envisages. Tu t’es fait à l’idée ou ça s’en vient. Tu te poses encore régulièrement des questions. Maudit combat de l’esprit et du cœur que vivent souvent ceux qui viennent de notre nord.

Tsé, ceux qui vivent cette envie de quitter et qui possède tellement une bonne capacité d’adaptation qu’à un moment donné, ici finit par manquer de Montréal et Montréal finit par manquer d’ici.

C’est comme une éternelle réflexion sur qui on est vraiment, ce qu’on veut vraiment et comment on se sent en dedans. Et pour quelqu’un qui n’est pas né dans une région, ça va être ben difficile de lui faire comprendre ce phénomène. Parce qu’on a parfois de la misère nous-même à saisir le débat interne que ça crée, imagine quand vient le temps de l’expliquer…

Ça fait que là, je suis revenue, depuis peu et pour combien de temps? Pas sans obstacles ni déchirements. La question tourne dans ma tête depuis 2 ans. Mais j’étais occupée à vivre autre chose ailleurs et à le vivre vraiment. Parce que moi, j’ai pris l’habitude de vivre à 100%, où je suis.

J’étais occupée à tisser des liens, rencontrer des gens extraordinaires, me faire des ami(e)s, réaliser ma vie et des projets, voyager, étudier et obtenir un diplôme. Tripper du fond de mes tripes. Tsé, tout ce qui fait qu’après c’est plus difficile de partir et de choisir.

Je l’aime ma région. Je capote dessus, je tente de la vendre à tous ceux qui veulent m’entendre et même ceux qui ne veulent pas. Mais elle me fait suer. Ne pas être née ici, j’aurais sûrement vécu d’autres combats intérieurs. Sauf que je suis née ici et avec le syndrome du « je-voudrais-être-partout-et-je-voudrais-aussi-être-en-Abitibi ».

Ça tiraille en dedans. Comme si l’idée de m’installer ici n’avait jamais été aussi concrète, alors je vogue dans le déni (#jailachienne). Et là, comme si ce n’est pas suffisant, il y a fallu que ça mettre des bâtons dans mes roues de fille amoureuse d’un gars d’ailleurs, qui ne viendra pas ici. Parce qu’on se cachera pas que c’est aussi difficile d’enlever l’Abitibi de l’Abitibien, que de l’entrer dans un Montréalais. Ce n’est pas fait pour tout le monde, on s’entend là-dessus. Pis c’est ben correct de même.

Mais là on va éclaircir de quoi, entre vous « Monde de Montréal » et moi : on le sait que Montréal c’est cool. Si ce n’était pas le cas, on se poserait pas mal moins de questions pis on retournerait juste chez nous! On le sait que ce n’est pas facile à comprendre, le fait qu’on est un peu fucké d’avoir cet appel de la région malgré qu’on trippe sur vos bars à cocktail trendys, vos boutiques stylées et vos festivals qui finissent pu pis qui nous collent à la peau, nous aussi.

On sait aussi que les opportunités sont grandes, la diversité est présente et que vous avez des parcs et espaces verts. Mais ce n’est pas une raison de nous faire sentir qu’être né icitte, c’est comme un défaut pis qu’on n’a pas rapport de vouloir revenir. Le chapeau ne fait pas à tout le monde (lire ceci avec détachement).

Pour moi, il n’y a pas de ville meilleure qu’une autre et encore moins de centre du monde. Si chaque humain a du bon quelque part, ça doit être pareil pour chaque endroit? Peut-être que oui, on a nos gens spéciaux un peu close mind en 2016. Ça ne nous avantage pas, mais ça ne nous rend pas arriérés pour autant. Pis si ça fait de nous « du monde de région » fermé d’esprit, de penser qu’ici il n’y a rien, que la vie est plate pis qu’on est fucké sans être venu nous voir, c’est aussi, à mon sens, une certaine fermeture d’esprit.

Je me sens un peu comme si je venais de casser avec Montréal moi aussi, d’une certaine façon. Pis j’feel pas nécessairement bien avec ça tous les jours. La chienne me pogne, les vertiges de me demander si je vais finir ici ou pas passent et je me questionne à savoir si un jour, je ne vais pas me réveiller en trippant plus sur ma région natale.

Sauf que tsé.

Je voulais être proche des miens. Je voulais avoir une job trippante. Je voulais faire des projets et ne jamais arrêter d’être passionnée. Je voulais être groundée et être avec des gens qui me collent à la peau. Icitte j’ai trouvé tout ça déjà.

Mais le reste va toujours me manquer, parce que j’inclus tout ce que je vis à mon ADN et que pour moi, chaque endroit et moment vaut son pesant d’or. Sauf que quand tu n’es pas née pour un p’tit pain pis que ta région à toi a le ventre en or, on dirait que tu as juste envie de revenir et d’y montrer ce que toi, tu as dans l’ventre.

Andréanne Tenhave

Andréanne Tenhave

Fière de ses racines, Andréanne est une grande voyageuse qui pratique l'art du bien-être et du positivisme. Elle se spécialise en communication-marketing et est blogueuse pour LaMallette.ca. Originaire de Val-d'Or, elle n'a pas de domicile fixe mais ce n'est pas une sans-abris.
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