Je suis un ado au Québec

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Inutile de commencer si on ne s’est pas présenté. Tu vas être perdu, moi aussi et on risque de trouver ça malaisant. Alors, j’commence ou tu commences? Laisse-moi y aller, ça va être fait.

Je suis l’Abitibi-Témiscamingue, toute d’un bout pis mes initiales c’est AT. J’ai pas ben ben plus que 100 ans et je suis née icitte, dans mon pays. J’ai à peu près 148 000 amis pis sont pas sur Facebook. Non, c’est mes voisins, de près ou de loin, et ils me trouvent pas mal cool. Ils me font vivre depuis quelques générations à peine parce que pour te faire une histoire courte, j’suis comme un ado au Québec.

J’suis jeune. Mes bâtisseurs sont d’hier et d’aujourd’hui. Mes ancêtres, à moi, sont dans nos maisons de personnes âgées. On peut les toucher et leur parler; ils peuvent me raconter mieux que moi-même. Y étaient là sacrafice, y étaient là! À dévierger la terre, la défricher, couper du bois pour en faire des planches sur lesquels on danse et on joue notre culture, pis qu’on se raconte en ce moment live.

Ça, c’était les premiers. Sauf que mes bâtisseurs, eux, sont de toutes générations confondues parce qu’on me façonne à tous les jours; on m’invente, on me crée. Parce qu’icitte, tout reste à faire et les possibilités sont infinies. Pis ce monde-là, c’pas des peureux : si ça existe pas, ils se retroussent les manches pis ils le font.

Malgré ma fraîche jeunesse, je peux te faire marcher sur 2,7 milliards d’années et te faire boire une des meilleures eaux au monde. Je peux te montrer mes entrailles, te faire descendre 3 km sous terre et te faire voir ce que j’ai en dedans. Je peux te faire goûter mon terroir, tu pourras le boire et le savourer en écoutant mon monde s’exprimer, de toutes les façons possibles.

J’ai beau avoir à peu près le cinquième du vécu du reste de la province, et sembler si loin, j’ai tellement à offrir. Et autant à dire. Écoute moi ben

Je suis sous-estimée. Le monde ne m’intimide pas pour avoir mon lunch le midi, mais me juge pareil. En fait, il croit souvent que mon lunch vaut pas grand-chose (genre une sandwich au baloney en spécial, sur pain blanc sans beurre). Pourtant, j’en ai dedans. Un cœur en or, à ciel ouvert, pour tout le monde. Pis des places de parking à l’infini pis un trafic qui finit pu de ne pas exister.

Je suis mouillée de 22 000 lacs et rivières. Ça, ça bat toutes les ados prépubères réunies devant un show de Justin Bieber.  Ça sonne fille facile, je l’sais, mais moi l’monde se chixe pas pendant deux heures pour aller à la pêche ; ILS SE LÈVENT à 2 h pour aller à la pêche. Grosse nuance, qui m’rend fière d’être facile et mouillée, tsé.

Icitte, à 13 degrés à la mi-avril, on se garroche à la crème molle qui vient d’ouvrir. L’hiver nous a tellement fait goûter au frette, qu’une parcelle d’été nous fait tripper. Pis ça c’est beau! J’revis à chaque année, au printemps, comme une nouvelle naissance. L’monde meurt pas en hiver, loin de là, mais quand ils sortent leurs p’tits shoes d’été pis que j’les entend dire : « Noémi, m’a t’prendre une p’tite à vanille », y s’passe de quoi en dedans. Ça se vit, ça ne s’explique pas. (Pis tsé, c’toujours cool de pouvoir prendre des nouvelles de ta chum du secondaire en même temps, parce que c’est elle qui t’sert.)

Ça, ça fait du monde proche, du beau monde, du monde vrai, du monde simple. Tout le monde a son histoire, tout le monde en a long à dire, la majorité est game de l’écouter pis encore plus sont prêts à la raconter.

Faque maintenant que tu me connais un peu, viens me parler de toi. Si j’te dis toute anyway, tu vas pas m’croire. Arrête de m’dire que je suis loin, que je suis rien ou que je suis pas assez bien : Embarque, on part. Un p’tit roadtrip de 526 km ben soft. Pis j’te garantis que tu vas tripper sur moi.

Andréanne Tenhave

Andréanne Tenhave

Fière de ses racines, Andréanne est une grande voyageuse qui pratique l'art du bien-être et du positivisme. Elle se spécialise en communication-marketing et est blogueuse pour LaMallette.ca. Originaire de Val-d'Or, elle n'a pas de domicile fixe mais ce n'est pas une sans-abris.
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